Qu’appelle-t-on le théâtre de sciences ?

La mise en scène de la science relève d’une histoire ancienne. Si au départ, la vocation est plus “pédagogique” et “moralisante”, le théâtre de sciences contemporain est plus poétique, il sollicite l’imaginaire des savoirs.

Cependant, il faut être prudent avec l’appellation “théâtre de science”. En effet, quelles sont les œuvres théâtrales que l’on peut inclure dans cette catégorie ?

Nous pouvons avancer une première définition : il s’agit “d’interpréter” le travail d’analyse de la nature qu’opèrent les scientifiques, d’en percer l’intention ou d’en manifester l’étrangeté.

Selon Daniel Raichvarg, “Science rime avec sérieux, sérieux rime avec pédagogie. Mais avec spectacle ? avec amusement, divertissement, émotion, passion, rires et larmes, plaisir et inquiétude ?”. Selon lui, mettre la science en spectacle renvoie alors à toutes les mises en scène de la science que l’on propose à un public lors de séances organisées à cet effet. Autrement dit, c’est une science à laquelle “quelqu’un” a fait subir des “transformations”.

Selon Michel Valmer, “le théâtre qui convoque la science, doit se singulariser par la présence d’un objet particulier”. En effet, la représentation de la science ne peut guère se passer d’objets fétichisés qui suggèrent l’activité de recherche. Par exemple, la Lunette pour Galilée ou le clystère du médecin de Molière.

Une des premières difficultés de mettre la science en scène est de ne pas tomber dans le statisme du jeu ou la réduction du personnage à son discours, à un didactisme pur et dur.

Comment l’art et la science se complètent ?

“Mettre en scène la science” – sur les champs de foire ou au théâtre par exemple – a été une tendance majeure de la diffusion des sciences. Il y a pourtant une certaine distance entre de simples présentations orales de la science et des mises en scène plus audacieuses.

Le théâtre de science participe de cette nécessité fictionnelle en lui donnant l’occasion d’un prolongement émotionnel et réflexif qui se développe au-delà du seul terrain intellectuel et conceptuel que nous offre la science.

La combinaison théâtre-science, ne peut-elle pas engendrer un hybride, produire de nouvelles questions ?

Pour reprendre les mots de Brecht “Les gens qui ne comprennent rien à l’art ni à la science croient que ce sont là deux choses immensément différentes, dont ils ignorent tout. Ils s’imaginent rendre un service à la science en lui permettant d’être sans imagination et faire progresser l’art en empêchant quiconque d’en attendre de l’intelligence.”