Rencontre avec William Astre, comédien du spectacle Les Femmes de Génie sont rares ?

Vous vous êtes consacré professionnellement au théâtre depuis une dizaine d’années après une expérience dans un domaine tout autre. Puis, vous avez fondé votre compagnie, La Compagnie de l’Astre. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

A l’age de 14 ans, j’ai annoncé à mes parents que je voulais être artiste de cirque. Mais eux tenaient à me faire entrer dans un moule plus conventionnel. J’ai mené des études de droit, jusqu’au 3ème cycle, ainsi que des études de langues et de finance. J’ai exercé sept ans en tant qu’auditeur financier, jusqu’à ce qu’un besoin impérieux de création me rattrape. J’ai alors suivi le cursus complet d’une école d’art dramatique, ainsi que plusieurs stages et expériences scéniques. Puis j’ai ouvert en 2009 La Compagnie de l’Astre, un laboratoire dédié à la création contemporaine. Je travaille à présent comme comédien et metteur en scène. Dans mon univers artistique, j’aime expérimenter la relation de l’Humain à l’Art, et me frotter à des auteurs et metteurs en scène subversifs, ainsi qu’à des thèmes fondamentaux, comme l’égalité femmes-hommes dans Les Femmes de Génie sont rares ?.

Vous reprenez le rôle masculin du binôme de la pièce “Les Femmes de Génie sont rares ?”. Comment abordez-vous ce rôle ?

Pour moi, il s’agit en réalité de quatre rôles : les trois partenaires des femmes de génie évoquées dans la pièce, mais également l’ami du personnage féminin qui vient l’aider à se souvenir et à interpréter les trois femmes scientifiques en question. Du théâtre dans le théâtre donc.

C’est en effet une reprise de rôle, mais avec de profonds changements dans le texte et dans la mise en scène, si bien que pour Anne Rougée et Didier Boulle, c’est pratiquement un nouveau spectacle.

J’aborde ce projet avec beaucoup d’enthousiasme. Dans la pièce, il y a de nombreux allers-retours entre le passé (les personnages historiques) et le présent ; c’est très excitant de voyager sur scène des uns aux autres. Par ailleurs, le travail avec Didier et Anne est très nourrissant, parce que nous avons de grandes libertés. Nous expérimentons ensemble, nous discutons, et Didier tranche. Rien n’est sclérosé, c’est assez rare et très appréciable. Enfin, le spectacle traite de façon très instructive et drôle de l’(in)égalité femmes/hommes dans le milieu scientifique : moderne, non ?

Si vous étiez un personnage de théâtre, quel serait-il ?

Voilà une question à 100 000 dollars !

Je crois que dès l’instant où je suis plongé dans un univers linguistique ou/et visuel fort, dérangeant, questionnant et pensé pour que les consciences restent éveillées, alors tout personnage est intéressant à défendre. A partir de là, je pourrais plutôt citer des auteurs que des personnages : Pier Paolo Pasolini, Rainer Werner Fassbinder, Falk Richter, Alexandra Badea, Didier-Georges Gabilly, Eugène Durif, Peter Handke, Jean Genet… et des dizaines d’autres. Mais s’il faut se risquer sur des personnages, alors parlons de Danton, de Baal, de Minetti et bien évidemment d’Alceste.