Comment êtes-vous devenu metteur en scène ?

La question que je me pose est : est-ce qu’on devient metteur en scène ? Je me suis intéressé à cet aspect du travail d’acteur au sein de l’école. Moi-même comédien, et ayant eu l’opportunité de travailler avec plusieurs metteurs en scène différents, j’ai pu voir et participer à plusieurs manières de “mettre en scène”. Ce qui m’a plu dans la mise en scène est le rapport aux autres, à son équipe. Tout à coup, on devient “responsable” d’un groupe qui doit mener à bien sa mission. Mon souhait et mon désir à travers la mise en scène est de parvenir à donner un spectacle qui correspond le plus possible à ma sensibilité, à la perception que j’ai du projet avant le travail. Pouvoir la transmettre et la partager à toute l’équipe. Et ne pas perdre l’idée première qui mènera à une création, un spectacle porté et donné par une équipe. Peut-être que c’est tout simplement apprendre à partager ce qu’on a dans la tête et donner envie de réaliser cette idée à celles et ceux qu’on embarque dans cette aventure.

Comment met-on la science en scène ? Quelles sont les difficultés, les spécificités ?

Je pense que le challenge est de chercher comment mêler la science et le théâtre. Trouver un équilibre entre le propos scientifique et la forme théâtrale. Ni dénaturer la science, ni déstructurer le théâtre. L’aspect qui me semble assez difficile à réaliser dans ce travail est de rendre le propos scientifique dans une dramaturgie construite qui va nous permettre de raconter une histoire sur un plateau. Je pense que mettre la science en scène c’est tout d’abord faire de la science du théâtre. Et la question qui se pose est comment parler d’un sujet de science sans se réfugier dans la pédagogie pure mais que la science soit le support réel de l’objet de théâtre. Objet qui possède sa dramaturgie, son sens, sa structure.
Le plus passionnant mais pas le plus évident à mon sens est justement de pouvoir construire un spectacle autour d’un sujet scientifique sans qu’on s’en rende compte, j’oserai dire.

Comment envisagez-vous la mise en scène de La Née Lumière ou Le théorème de l’ornithorynque ?

Dans un premier temps, une fois le thème scientifique choisi, nous sommes rentrés en relation avec des scientifiques ayant un lien plus ou moins étroit dans le domaine de la lumière. Nous leur avons proposé un questionnaire commun sur nos interrogations autour de cet extraordinaire phénomène. Ce questionnaire a deux objectifs. D’une part nous permettre d’en savoir plus, de mieux comprendre ce qu’est la lumière. Et également de servir de matériau vivant au plateau pour les acteurs. En parallèle, nous cherchons aussi de la matière dans plusieurs types d’ouvrages littéraires, scientifiques, philosophiques d’hier et d’aujourd’hui pour en extraire des textes. Textes que nous expérimentons en impro pour mieux nous aussi s’approprier, comprendre cette lumière. A partir de là, avec l’aide des scientifiques, de leur paroles, de leurs écrits et le travail technique et artistique au plateau, le but est de créer un spectacle, dramaturgiquement cohérent, et scientifiquement juste. Écrire une histoire. L’histoire de ce phénomène énigmatique et fascinant qu’est pour moi la lumière.